« Les nus de Jacques Sultana n’ont rien d’études académiques, et même si son dessin
apparaît techniquement et anatomiquement parfait on chercherait en vain à savoir à quel
point les corps qu’il représente sont idéalisés, embellis sur la toile. Car sa recherche semble
se trouver ailleurs, dans cet instantané d’un corps qui se sait regardé et fait d’une main qui le touche de son pinceau. Ce qu’il donne à voir est tout autant le modèle lui-même que le
moment de la pose où s’est noué ce regard sur lui. Contempler les toiles de Jacques Sultana
revient ainsi à se mettre à sa place pour caresser du regard ce corps nu dans une connivence
à la fois intime et amusée avec lui. […] Ces corps, aussi nus et dépouillés soient-ils, n’échappent pas à leur époque et l’air du temps passe dans ces images, à travers une coupe de cheveux, ou le dessin d’un bijou. Aucune tenue d’apparat, mais une mode de la rue épousant la vie des corps qu’elle habille ».
— Jean-Pierre Blanc, Directeur général de la Villa Noailles à Hyères (extrait du livre Jacques
Sultana, ed. Pierre Passebon, 2022)