Marc Martin — Mauvaises vies ?

Galerie Obsession, Paris 11e
Exposition temporaire du 6 novembre 2025 au 10 janvier 2026

Le sexe a sale réputation. Tout ce qui y touche sent le soufre. Mauvaises Vies ? montre des visages et des vécus. Du désir et des fantasmes.

En faisant dialoguer ses travaux récents ou plus anciens avec une mémoire en marge et des œuvres dissidentes, le photographe Marc Martin confirme sa volonté de résistance à l’effacement. Face au recul des droits humains, face au retour de la pudibonderie, l’artiste entend réconcilier la scène queer et la scène cuir. Il entend remettre en lumière la dimension activiste de la représentation des personnes fétichistes.

Replacer le corps au cœur des luttes. Sortir du placard les archives disgraciées, les contraindre à se cogner au réel et les voir à nouveau marquer leur territoire. En convoquant, autour de photographies charnelles de Marc Martin, des peintures, dessins, et sculptures de la Collection Pierre Passebon et des pièces provenant du Centre d’archives LGBTQI+ Paris Île-de-France, l’exposition révèle des tranches de vies sorties des clous. À travers le corps et la sexualité, l’artiste, textes personnels à l’appui, interroge notre époque par ailleurs gorgée d’obscénité. Que peut-on afficher ? Que doit-on maintenir caché ? Au regard de l’évolution actuelle des mentalités, l’intime dans l’art reste un point d’achoppement.

À l’heure des discours simplistes, l’artiste donne à voir la diversité des vies contemporaines. La scénographie, qui s’articule autour du privé dans l’espace public, incite le public à enrichir sa compréhension des enjeux de la lutte pour l’émancipation et contre toutes les stigmatisations. Y compris au sein de la communauté LGBTQI+.

La Galerie Obsession, qui s’ouvre fièrement à un érotisme décomplexé, est heureuse de célébrer ces Mauvaises Vies. Son écrin feutré sied aux imaginaires interlopes. Celui de Marc Martin y flirte avec ceux de Jean Cocteau, de Pierre Molinier ou d’Yves Saint Laurent sous le regard complice d’Hélène Martini, impératrice de la nuit et des bars louches de Pigalle. Sa chambre rose signée Erté et conservée par Pierre Passebon, trône au cœur de l’exposition. Clin d’œil au goût spécial de ces vies que d’aucuns disent mauvaises.

— Florent Barbarossa, Galerie Obsession

Je ne pense pas qu’être attiré par les attributs masculins soit malsain. Je ne pense pas qu’avoir une allure masculine te rende toxique. Pour moi, là où il y a un problème, c’est quand le fait d’ « être masculin » te donne le sentiment d’être supérieur aux autres. — Marc Martin

Qu’est-ce que le corps masculin dans le travail de Marc Martin, si ce n’est le lieu d’un combat, à la fois objet de fantasmes et porteur d’une tension qui lui est inhérente ? Systématiquement soumis au débat dans l’espace public et sur les réseaux sociaux, le corps retrouve ici son rôle de matériau désiré, à la fois en scène et obscène, comme un bras tendu vers les autres au-delà des clivages. Pour qu’elle soit désignée comme subversive, une image doit aujourd’hui encore révéler la viscéralité de notre expérience vécue, la complexité de notre existence en tant que sujets désirants et véritables. L’expérience du corps rend compte, en cela, de la tension entre la nature cachée du désir et le partage du fantasme ou du fétiche, construisant un pont entre les générations et les communautés par tant d’expériences partagées. Un pont sur lequel tous et toutes se retrouveront, tant qu’ils et elles y consentiront. Tel est le combat, aussi, des archives disgraciées, qu’elles soient la trace d’une répression, d’une érotisation ou simplement d’une existence : se faire une place dans la mémoire collective et dans le futur de nos communautés. Les Mauvaises Vies ? de Marc Martin s’attachent à tout cela.

— Romain Pinteaux, chercheur en études culturelles et en sciences sociales. Il a travaillé au département des Archives et des Collections du Schwules Museum de Berlin, ainsi qu’au sein de la chaire compétences et vulnérabilités de l’Université des Patient·es-Sorbonne.

Accès et horaires

Durant les expositions, la Galerie Obsession vous accueille du mardi au samedi de 14h à 19h. En dehors de ces périodes, les visites se font exclusivement sur rendez-vous. Cliquez sur la carte ci-dessous pour ouvrir un nouvel onglet avec un plan Google Maps.

Galerie Obsession
5 passage Charles Dallery
75011 Paris
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