Tomber des nu(e)s prend le pouls de la jeunesse, fugace et fougueuse, sans perdre le fil des fantômes et fantasmes qui peuplent la vie en mouvement.
« Poser à poil n’est pas me mettre à nu » confie Mathis Chevalier : « Je me découvre beaucoup plus dans les interstices ». Sa carrure d’athlète, quand elle se fissure, figure l’homme d’aujourd’hui. Et c’est ce que vise le photographe Marc Martin : ouvrir la voie au désir décomplexé. Un désir du masculin débarrassé de ses carcans.
Tomber des nu(e)s, c’est l’histoire d’une rencontre entre deux hommes qu’un quart de siècle sépare. D’un côté, le photographe qui interroge à travers son modèle la posture masculine. De l’autre, ce modèle qui l’emmène voir ailleurs, droit devant. Ensemble, Marc Martin et Mathis Chevalier conduisent l’œil du spectateur hors-champ, loin du cadre de la norme. Plus qu’un duo, ils se donnent en duel. Leur terrain fétiche ? Le défi à la pudibonderie ambiante.
Mathis Chevalier, unique modèle de ce kaléidoscope, apporte sa touche personnelle à l’image d’une virilité souvent mise à mal. Une caresse dans un monde de brutes. Ancien champion de MMA, discipline sportive machiste et violente, le jeune homme identifié comme hétérosexuel incarne à travers l’objectif de Marc Martin – photographe attaché au corps – un éventail complexe et contradictoire de personnages charnels. L’acteur en herbe joue le jeu du Je. L’autodérision donne du souffle au corpus et nourrit la transgression qui transpire des œuvres.
Pétri de références, Tomber des nu(e)s pose la question de notre rapport à l’héritage. Des classiques aux images déclassées, puisés dans le répertoire d’artistes célèbres ou inconnus, les clins d’œil marient irrévérence et transmission. Dans les photographies de Marc Martin, l’amour circule, libre. Le nu s’y noie dans une promesse d’éternité : la jeunesse de Mathis Chevalier.